Départs artistiques

Une entrevue avec l’artiste Wolastoqiyik Percy Sacobie sur la réalisation de sa grande Fresque « glooscap et le castor géant »

Q : Quelle histoire raconte votre fresque murale?

PS : C’est le récit de la naissance du fleuve Wolastoq. Le plus fascinant dans cette histoire, c’est qu’elle remonte à plus de 300 générations, et les événements représentés se sont réellement déroulés ici.

Mon mémoire de maîtrise portait sur la relation entre les faits scientifiques et les récits, et j’ai démontré une corrélation entre les deux. Il y a 12 000 ans, il existait ici des castors géants de huit pieds et la vallée du Wolastoq a été inondée pendant l’ère glaciaire. Mon peuple a vécu cette expérience et l’a transmise par cette histoire. J’en ai fait mon interprétation personnelle.

Q : Qui sont les personnages? Et que se passe-t-il?

PS : Les principaux personnages sont Glooscap et le castor géant.

Les habitants de ce lieu avaient des problèmes avec le castor qui avait construit un barrage géant qui inondait la vallée. Glooscap l’a découvert et l’a détruit.

Q : Quels autres animaux avez-vous représentés?

PS : J’ai essayé de choisir des animaux locaux, j’ai donc des cardinaux, des hérons bleus et quelques geais gris; nous les appelons gorbeys. Je les ai intégrés dans la peinture parce qu’à la chasse, mon père me disait que si on en voyait, c’est qu’il y avait du gibier, car ces oiseaux aiment se régaler de ce qu’on laisse derrière.

J’ai inclus l’aigle chauve parce que cet oiseau est sacré pour les peuples autochtones. Nous le tenons en haute estime. Je voulais que cet aigle guide Glooscap et son frère dans leur confrontation avec le grand castor.

Q : Quels motifs sont utilisés?

PS : Les motifs floraux sont inspirés de vieilles photos de vêtements malécites. J’ai intégré ces fleurs en arrière-plan, et parfois, sur les vêtements. Le motif à double courbe (dans le soleil) est un dessin wabanaki. Il est symétrique, identique des deux côtés.

Mon souhait est que les gens réalisent qu’il y a toujours des Wolastoqiyik ici, et notre plus grande bataille actuellement est la perte de notre langue, qui est sur le point de s’éteindre. »

En plus des motifs traditionnels, j’en crée de nouveaux au fur et à mesure. Pour qu’ils perdurent, il faut les faire évoluer.

Percy Sacobie peint sa murale.

Q : Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre travail?

PS : Avant de partir, j’espère qu’ils auront le temps de contempler la peinture. Ce qu’il y a de merveilleux dans les œuvres artistiques, c’est qu’on peut les regarder et les apprécier; il n’y a rien de trop long à lire. Ils connaîtront l’histoire de la création et sa transmission à travers les âges; c’est ça qui est extraordinaire.

Mon souhait est que les gens réalisent qu’il y a toujours des Wolastoqiyik ici, et notre plus grande bataille actuellement est la perte de notre langue, qui est sur le point de s’éteindre.

Q : À quel personnage de la peinture vous identifiez-vous le plus?

PS : Le gorbey parce que moi aussi j’aime partager. Je suis capable de faire partager ces histoires à travers mes peintures.


« Glooscap et le castor géant », une fresque de 8 pi sur 24 pi, a été commandée par la Ville de Fredericton avec le soutien à la planification et à l’installation de la Galerie d’art Beaverbrook. Elle est prêtée de manière permanente à l’aéroport, où elle est installée dans le salon des départs.